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Viande de cheval : chronologie d'un scandale alimentaire
17 septembre 2012
Découverte de cheval dans des burgers en Irlande
http://www.lemonde.fr/planete/visuel_interactif/2013/02/25/viande-de-cheval-chronologie-d-un-scandale-alimentaire_1838614_3244.html
Un inspecteur sanitaire du comté de Newry (Irlande du Nord) constate un problème d'étiquetage et d'emballage sur un stock de viande surgelée. Il faut trois mois aux autorités irlandaises pour remonter la filière. Le scandale éclate finalement mi-janvier : jusqu'à 29 % de viande chevaline, animal "sacré" outre-Manche, se trouvent dans les steaks hachés supposés au bœuf des supermarchés Tesco, Iceland et Lidl. Des dizaines de millions de steaks sont retirés des étals.
Viande : chronique d'un scandale annoncé
Au départ, il y a le hasard. Au bout du compte, il y a la révélation de fraudes qui n'ont rien d'isolé et témoignent tout à la fois de la crise d'un secteur, celui du cheval en Europe, et de pratiques peu regardantes, celles de l'industrie agroalimentaire.
L'"affaire" de la viande de cheval débute le 17 septembre 2012, quand un inspecteur sanitaire du comté de Newry (Irlande du Nord) constate un problème d'étiquetage et d'emballage sur un stock de viande surgelée. Par hasard il vient de tomber sur l'un des plus grands scandales alimentaires récents.
La viande appartenait à l'entreprise McAdams, petite structure d'import-export basée de l'autre côté de la frontière, en République d'Irlande. Il faut quelques semaines pour que le dossier soit transféré d'un pays à l'autre, puis trois mois aux autorités irlandaises pour remonter la filière.
Le scandale éclate finalement mi-janvier : jusqu'à 29 % de viande chevaline se trouve dans les steaks hachés supposés au bœuf des supermarchés Tesco, Iceland et Lidl. Son origine : la Pologne.
Inquiètes, beaucoup d'usines agroalimentaires en Europe commencent alors à effectuer des tests. Et fin janvier, le français Comigel alerte Findus : ses lasagnes sont contaminées, jusqu'à 100 % dans certains cas.
La marque de surgelés tire alors la sonnette d'alarme au Royaume-Uni le 4 février, annonçant qu'elle retire ses produits. Depuis, des dizaines de plats ont été soustraits du marché, et huit pays, touchés par le scandale : Irlande, Royaume-Uni, France, Suisse, Pays-Bas, Belgique, Allemagne et Suède.
AFFLUX DE CHEVAUX DANS LES ABATTOIRS
Il ne s'agit pas d'une simple fraude isolée, réalisée par un sous-traitant véreux. L'affaire est plus étendue : trois filières différentes ont, pour l'instant, été mises au jour. La première en Irlande, avec de la viande polonaise ; la deuxième avec Comigel, et de la viande roumaine. La troisième, découverte la semaine dernière, vient du Royaume-Uni, où les autorités ont procédé à trois arrestations jeudi 14 février.
Les abattoirs Peter Boddy, dans le Yorkshire (nord de l'Angleterre) sont accusés d'avoir envoyé des carcasses de chevaux à l'usine agroalimentaire galloise Farmbox Meats, qui les transformaient en steaks hachés et en kebabs.
Comment en est-on arrivé là ? L'explication est double. La première est la "crise du cheval".
Avec la récession en Europe, beaucoup de propriétaires d'équidés n'ont plus les moyens de les conserver. Une possibilité est de les abandonner : l'association World Horse Welfare (WHW) estime ainsi que 6 000 chevaux ont besoin de trouver un nouveau refuge au Royaume-Uni.
Une autre solution est de les envoyer à l'abattoir. "Incinérer un cheval coûte de l'argent. En faire de la viande rapporte quelques centaines d'euros", explique Jessica Stark, porte-parole de WHW.
En Irlande, le pays d'Europe qui a la plus grande concentration de chevaux, 25 000 ont été envoyés aux abattoirs au cours de l'année 2012, contre 2 000 en 2008. Au Royaume-Uni, le nombre a doublé en trois ans pour atteindre 9 000. Du coup, la viande chevaline est très bon marché.
En Roumanie, la situation est légèrement différente, mais le résultat est le même. Une loi interdisant les voitures à chevaux sur les routes nationales a rendu inutiles de très nombreux équidés ; beaucoup se sont donc retrouvés à la boucherie. Aujourd'hui, selon les prix d'un abattoir roumain que Le Monde a pu consulter, la viande chevaline coûte moitié moins cher que celle de bœuf.
PRESSION FINANCIÈRE SUR LA FILIÈRE
Dans ces conditions, la tentation de remplacer l'une par l'autre est grande. Et c'est là qu'intervient la deuxième explication : l'industrie agroalimentaire se montre d'autant moins regardante qu'elle est focalisée sur les coûts.
Un exemple : les spaghettis à la bolognaise surgelés des supermarchés Tesco, sous-traités auprès de Comigel, dans lesquels jusqu'à 60 % de cheval a été trouvé. Vendu une livre (1,20 euro) les 450 grammes, le plat est bon marché.
L'enseigne britannique se dit aujourd'hui victime d'une fraude et affirme qu'elle ne travaillera plus avec Comigel, qui n'a pas respecté le cahier des charges qui garantissait 100 % de bœuf irlandais.
Cela soulève pourtant une question : comment un distributeur britannique peut-il commander à prix plancher à une usine basée au Luxembourg un plat fait avec du bœuf irlandais, sans s'interroger sur les méthodes employées ?
Légalement, Tesco est couvert. Les règles européennes obligent simplement les entreprises à suivre les produits alimentaires, une étape avant et une étape après : il faut savoir quelle société avait l'ingrédient juste avant et où cela va ensuite. Du coup, presque personne ne connaît la chaîne de fabrication dans son intégralité.
"Cela pourrait être évité si les entreprises agroalimentaires prenaient leurs responsabilités et cherchaient à superviser le tout. Mais l'industrie est sous une telle pression financière que personne ne veut le faire. La tentation de la fraude est évidente", accuse Andy Bowles, directeur d'ABC Food Safety, société britannique qui forme des inspecteurs sanitaires.
Erica Sheward de l'université de Greenwich (Royaume-Uni) le confirme à sa manière : "Comment les consommateurs qui achètent des steaks hachés à 29 pence (33 centimes) peuvent-ils croire qu'ils n'ont que du bœuf ?"
Cette pression financière n'est pas nouvelle, et le scandale de la viande de cheval n'est pas la première fraude. Au Royaume-Uni, deux autres affaires ont défrayé la chronique ces dernières années. En 2009, on a injecté dans des poulets un liquide dérivé de peaux de porc et de bœuf pour les gonfler. Quelques années plus tôt, on avait fait passer de vieux moutons du pays de Galles pour de jeunes brebis.
"IL FAUT S'ATTENDRE À D'AUTRES RÉVÉLATIONS"
Si bien que dans le milieu alimentaire, personne ne s'étonne vraiment du nouveau scandale. "Je ne suis pas surpris, témoigne sous le couvert de l'anonymat un inspecteur sanitaire basé à Londres. Les supermarchés cherchent tellement à écraser les prix que les dérapages sont inévitables."
Même le département britannique de l'horticulture et de l'agriculture, qui supervise la filière bovine, le reconnaît : "A son extrémité, le commerce de la viande peut être assez trouble", dit Guy Attenborough, son directeur de la communication, qui prévient : "Il faut s'attendre à d'autres révélations."
Viande. Un éleveur normand accuse un abattoir Leclerc de tromperie
Faits de société mercredi 27 février 2013
Yves Sauvaget, l’éleveur de la Manche dénonce un nouveau scandale dans l’agroalimentaire (Photo Ouest-France).
http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Viande.-Un-eleveur-normand-accuse-un-abattoir-Leclerc-de-tromperie_55257-2167893_actu.Htm
Après le scandale de la viande de cheval, une nouvelle affaire éclate : un éleveur laitier de la Manche a constaté que ses bêtes ont été revendues comme vache à viande. Les abattoirs concernés se défendent de toute tromperie.
Yves Sauvaget, éleveur laitier bio basé à Saint-Ovin, dans la Manche, s’est rendu compte que ses bêtes envoyées à l’abattoir ont été revendues comme des vaches à viande.
C’est en décidant de retourner voir les carcasses, quelques jours après les avoir données à l’abattoir, qu’il se rend compte que ses bêtes n’ont pas suivi l’itinéraire prévu.
Des laitières classées vaches à viandes
« Le 26 juillet 2012, j’ai vendu et amené trois vaches de réformes issues du troupeau laitier, par l’intermédiaire d’un négociant en bestiaux, aux abattoirs Kerméné, à Collinée (Côtes d’Armor), à destination de la filière biologique », raconte-t-il.
« Le lendemain, pour avoir quelques éclaircissements sur les poids enregistrés, qui ne posaient pas de problème, j’ai pu examiner les tickets de pesée fiscaux, spécialement édités dans la filière bio. Sur les trois vaches pourtant laitières, deux d’entre elles ont été classées vaches de race viande. Ces vaches croisées Montbéliard et Prim’Holstein, étaient pour la production de lait. Si l’une d’elle a été classée « laitière » parce que sa mère étaient une laitière, les deux autres, croisées, qui produisaient du lait, ont été classées « type viande ». J’ai été payé de ces trois vaches « de type laitier », selon un prix qui a eu mon agrément et que je ne conteste pas », explique Yves Sauvaget.
Leclerc se défend
Ces étiquettes, l’éleveur les a précieusement conservées. Elles prouvent, selon lui, que les abattoirs ont sciemment trahi les consommateurs.
« Des morceaux identiques sont vendus six euros de plus le kilo en changeant uniquement le type racial », déplore-t-il. « La tromperie était facile à réaliser, il n’y a que les éleveurs qui peuvent s’en rendre compte ».
Six euros de plus par kilo représentent un bénéfice de 1 500,00 € par bête. Le groupe Leclerc, qui possède les abattoirs de Kermené près de Loudéac en Bretagne, se défend de toute tromperie.
« Kermené respecte les règles qui engagent toute la filière bovine française. […] Si une erreur venait cependant à être constatée, malgré l’ensemble des contrôles stricts, nous mettrions tout en œuvre pour remonter la chaîne de traçabilité et identifier la cause de l’anomalie », écrit ainsi le groupe, dans un communiqué.
Difficultés de la traçabilité dans la filière bovine
De son côté, l’éleveur estime que la confusion était impossible. « La confusion était d’autant moins possible que nous sommes dans la filière biologique. C’est d’ailleurs pour cette raison que, moi, éleveur j’ai pu m’apercevoir de cette erreur. Je ne demande aucune indemnisation supplémentaire sur le paiement de ces vaches, puisque j’étais d’accord sur la transaction initiale. J’attire l’attention des consommateurs sur les difficultés de la traçabilité dans les filières de viande bovine. Les producteurs acceptent tous les inconvénients de la traçabilité. Elle est nécessaire. Si nous faisons des erreurs nous sommes immédiatement sanctionnés. Les entreprises de transformation doivent être également exemplaires, sur l’information due au consommateur : le prix d’une pièce de viande issue d’une vache de réforme n’a rien à voir avec celui d’une vache de race à viande. »
« Pas acceptable » selon Le Foll
« Ces pratiques ne sont pas acceptables », a réagi mardi Stéphane Le Foll. « C’est la responsabilité du ministre de l’Agriculture de faire en sorte que les petits profits de certains ne se fassent pas au détriment de tous les autres », a-t-il poursuivi, précisant qu’il interviendrait sur le sujet « dès aujourd’hui » pour « faire passer un message à tous ceux qui ont pu être responsables ».
Depuis le salon de l’agriculture, Stéphane Le Foll a estimé que « plus on sera clairs sur les origines et sur cette traçabilité, moins on offrira de possibilités de tricher. On peut toujours avoir des gens tentés de tricher, de modifier les règles. Mais il n’y a aucune raison de considérer qu’il s’agit d’un problème généralisé, et en même temps il n’y a pas de raison non plus de minimiser ce problème ».
Selon le ministre, « on est sur un débat qui porte à la fois sur la confiance que doit avoir le consommateur dans ce qu’il achète, et sur la confiance dans les relations commerciales qui doivent exister entre la grande distribution, la transformation et les producteurs ».
Cette histoire illustre un peu plus la crise de confiance qui touche aujourd’hui l’industrie agroalimentaire, dont les ventes pâtissent déjà fortement du scandale de la viande de cheval.
La réponse de Michel-Édouard Leclerc sur son blog
Michel-Édouard Leclerc, dirigeant de l’enseigne de grande distribution Leclerc, a tenu à réagir, suite aux propos d’un éleveur normand, qui accuse un abattoir Leclerc de tromperie.
Sur son blog De Quoi je me M.E.L., Michel-Édouard Leclerc affirme : « J’ai mené ma petite enquête aujourd’hui (mardi), notamment auprès de notre abattoir de Kermené, afin de me faire expliquer ce qui aurait poussé cet éleveur à balancer une telle grenade. Je suis en mesure de décrypter le processus. S’il y a eu un problème d’étiquetage sur deux de ses carcasses (pour deux vaches, le certificat de vente comporte un mauvais code d’affectation), contrairement à ce que raconte ce monsieur, il n’y a eu ni tromperie, ni escroquerie. »
Il poursuit : « Ses vaches bio lui ont été achetées au prix du bio. Elles ont été transformées en steak haché bio. Elles ont été vendues au consommateur au prix et en tant que steak haché bio. À aucun moment les vaches laitières de ce monsieur n’ont été revendues au consommateur comme étant de la viande issue de race à viande. D’ailleurs, dans le bio, cette différence entre vache à viande et vache laitière n’existe pas ! Il n’y a donc eu aucune magouille, aucun profit injustifié, aucune escroquerie. C’est clair et net. »